Billet 7 : COPE/FILLON

François COILLON et Jean-François FIPÈ

François COPON et Jean-François FILLÈ

 

Selon un principe essentiel de l’AO – éviter toujours de réagir trop à chaud –  c’est  avec quelque recul qu’on peut maintenant revenir sur l’affrontement de Messieurs Copé et Fillon pour prendre la tête de l’UMP.

Il faut d’abord noter que, loin qu’on ait assisté à une confrontation, il s’est bien agi d’un affrontement, loin d’un dialogue une empoignade, loin d’un débat un combat. Au vrai, ce seul constat suffit pour tout comprendre, et permet de tout dire.

I. POLITIQUE.

Partons du plus haut.

D’abord, à quoi sert la politique ?

A déterminer les grandes orientations à imprimer à nos sociétés comme à mettre en œuvre les moyens les plus adaptés pour en atteindre les buts, et ceci dans l’intérêt du plus grand nombre, idéalement de tous et de chacun.

Ensuite, à quoi servent les partis politiques ?

A élaborer des programmes aptes à réaliser les objectifs de bien-être du plus grand nombre tels que les définit la politique, chaque parti avec ses options prioritaires et les caractéristiques de ses visions. L’intérêt des partis politiques tient donc aussi à leur pluralité, gage de l’entretien fécond du débat d’idées.

Enfin, à quoi servent les hommes politiques ?

A incarner les partis ou les options, à leur donner une voix et un visage, à être les interprètes vivants d’un message et d’un projet.

Bref, pour parler comme Rousseau, la politique a pour but de promouvoir la volonté générale, les partis politiques de lui proposer des cadres spécifiques et les hommes politiques à en être les porte-voix. En termes de l’AO, la politique sert à promouvoir la Loi, les partis politiques à y faire valoir les Différences et les hommes politiques à en être les témoins afin de se proposer comme Mentors.

 


II. Ubu Massif et Prorogé.

Revenons maintenant à l’UMP. C’est un parti politique. Cette formation doit donc proposer un programme pour la France, et les militants choisir pour chef celui qui leur semble le plus à même d’incarner ce programme et de porter le projet. C’est dire que, d’une part, dans cette élection, on aurait dû entendre, d’abord parler de la France (c’est-à-dire, rappelons-le, des Français, et du souci de leurs intérêts) et ensuite, par chacun des deux candidats, de sa façon personnelle de prendre en charge ce souci de l’intérêt commun : on aurait dû entendre parler de la volonté générale française et chacun des deux candidats de sa manière de la concevoir ; on aurait dû entendre parler de la Loi telle qu’elle doit s’imposer en France compte tenu de la conjoncture, et chacun des deux candidats de sa Différence quant au contenu du programme. On aurait dû…

En fait, a-t-on une seconde entendu parler de la France et des Français ? A-t-on une seconde assisté à un débat entre les deux candidats ? En rien. On n’a vu que deux volontés particulières qui s’affrontaient, ou deux Rivaux en Pouvoir qui s’étripaient. Il est évident que chacun des deux, indifférent totalement à la politique, à la volonté générale et à la Loi, ne visait qu’à s’emparer du parti parce que c’est le meilleur instrument pour conquérir la présidence de la république, à savoir pour parvenir au sommet du Système. Autrement dit, chacun des deux, loin de se vouloir un Mentor, n’est qu’un Comparse, et, totalement étranger à la Volonté, n’est dévoré que de Désir.

La preuve que c’est bien le Désir qui a été à l’œuvre dans toute l’affaire se lit dans les conditions mêmes du vote. Alors que le candidat Mentor, ne visant que la Loi, ne peut œuvrer que dans l’éthique, le Comparse, n’ayant souci que de soi, n’obéit qu’à une logique. Pour le premier, l’intégrité s’impose ; pour le second, tous les coups sont permis. La seule nuance qu’on ait vue entre les deux Rivaux, c’est que FF s’est soucié quelque peu de son image, alors que JFC n’y est pas allé par quatre filoutages…

Conclusion ?

D’abord, il est fort étonnant que les militants de l’UMP n’aient pas exigé que toute la lumière soit faite sur ces fraudes dont les rumeurs courent encore. Ensuite et enfin, c’est simple : pauvre France et pauvres Français – et des pauvres, il y en a, en France !

 Et toi, que comptes-tu faire de ton Ubu ?

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